Autrice et animatrice d'atelier d'écriture

Les mots, toujours les mots…

Les mots ont toujours eu une place particulière dans mon cœur. D’abord au travers de mes lectures insatiables, puis de l’écriture qui a fait son entrée très tôt dans ma vie et m’a portée, tant personnellement que professionnellement. Dans mon travail d’autrice je m’intéresse aux questions du corps, à nos façons d’appartenir au monde et aux manières de s’écrire reliés.

Le collectif nourrit la création

J’ai exploré le rapport au langage dans mes études de recherche en littérature et en poésie. En rencontrant d’autres écrivant·es, j’ai réalisé le sens que le collectif pouvait donner à l’écrire. Le lien avec le groupe amplifie la résonance de l’écriture et donne naissance à des textes singuliers et pluriels qui sont autant de chemins vers une pratique individuelle de l’écriture enrichie de l’expérience collective. C’est ainsi que j’ai commencé à animer des ateliers d’écriture, notamment à la Maison de la Poésie de Rennes, mêlant à cet intérêt du langage mon plaisir à animer et transmettre la littérature.

On n’écrit pas pareil seul ou en groupe

C’est ce petit décalage qui me plait, le pas de côté que permet l’intervention plus ou moins maîtrisée de l’autre dans nos textes. Il faut alors constamment se repositionner, lâcher prise, pratiquer l’ouverture comme une méthode, l’absurde comme une logique. La rencontre est fertile, nourrissante : elle vient infléchir le cours des mots.

Des exercices de l’absurde et du lâcher prise pour s’autoriser à ce que rien ne fasse sens, que peut-être au lieu de dire ou d’expliquer les mots sonnent, interpellent, amusent ; mettre au placard l’ordre et l’organisation pour mieux y revenir avec des temps d’écriture individuelle dans lesquels auront essaimé ces non-sens, ces écarts et ces originalités. Il y a des mots qui planent, des idées qui se sont rencontrées, des outils disposés pour l’usage des écrivant·es, prêts à être détournés…

La joie et la bienveillance sont pour moi essentielles, pas comme de vaines injonctions mais plutôt comme un type de relation à cultiver, tant avec les autres qu’avec soi et ses propres textes.

Faire des liens

Il m’importe que l’écriture sorte d’elle-même, ne soit pas cantonnée dans un rôle figé, intimiste, élitiste ou inaccessible. Au contraire, elle a tout intérêt à venir échanger avec les personnes, les lieux et les disciplines (danse, arts plastiques, théâtre…). Étant également formée en médiation culturelle, j’utilise donc l’écriture comme un outil d’expression de soi, de médiation et de recherche. Ainsi j’anime par exemple des ateliers de recherche-création qui proposent aux écrivant·es de s’emparer de questionnements théoriques et de les explorer par la création. Ces ateliers réunissent alors exploration du langage, recherche et création collective.

Toutes ces formes se complètent et se nourrissent les unes les autres, et reflètent ma curiosité d’animatrice pour l’invention d’ateliers qui permettent la rencontre, la réflexion et la création.

Juliette Thomas