Fondatrice des ateliers d'écriture de l'Escalier
Un bateau pour des mots
Ce fût comme une évidence, quand j’ai créé, en 1996, le premier atelier d’écriture, de l’installer à bord de la Dame Blanche, amarrée depuis peu près de sa consœur l’Arbre d’eau, Péniche-Spectacle du théâtre du Pré-Perché, dirigé par Hughes Charbonneau, compagnon de route du théâtre.
Les mots me travaillaient depuis longtemps…
Du théâtre à l’écriture
Comédienne, j’avais été travaillée par des textes : endosser un rôle, endosser le texte des autres ne me suffisait plus et se posait la question pour moi, de dire par le détour de la fiction, avec l’intuition que, si je trouvais la forme, le sens viendrait avec et qu’il me fallait, en quelque sorte, me laisser guider par les mots et faire surgir mon propre texte. C’est alors que j’ai créé pour la scène, parallèlement à une recherche universitaire sur le théâtre et l’expression populaire en Bretagne, le spectacle “Pas perdus”.
Les mots me travaillaient depuis longtemps…
Faire écrire
Professeur de français et d’expression auprès de jeunes ayant eu des difficultés dans le cadre scolaire (préformation de jeunes ruraux), j’ai eu tout de suite l’intuition qu’il ne fallait pas répéter les méthodes d’apprentissage scolaire qui avaient échoué auprès d’eux. C’est alors que j’ai cherché des méthodes et inventé mes premiers exercices pour faire écrire.
La découverte du travail d’Elisabeth Bing avec des enfants caractériels à travers son livre “et je nageai jusqu’à la page” a été pour moi une révélation et aussi la confirmation de la justesse du travail entrepris lors de ma première expérience professionnelle.
J’ai ensuite découvert sa démarche d’ateliers d’écriture à travers les stages qu’elle proposait. J’y ai découvert la joie d’écrire avec les autres, la puissance des inducteurs et des mises en situation d’écriture ainsi que le rôle étonnamment structurant que joue la socialisation immédiate de son écrit à travers la lecture à haute-voix et le partage.
Les ateliers de l’Escalier
L’aventure dure depuis plus de vingt cinq ans et j’ai toujours le même émerveillement à l’écoute de la diversité et les singularités d’écriture qui naissent à partir d’une même proposition d’écriture.
Avec la fidélisation d’une partie des “écrivants” et, chaque année, de nouveaux venus, les ateliers se sont déployés et diversifiés. J’ai eu le bonheur d’assister à des naissances d’auteurs et d’animateurs d’écriture, avec en particulier celle d’Anne Lecourt, qui, après quelques années de participation aux ateliers, m’a succédé dans l’encadrement d’ateliers et l’accompagnement des chantiers de textes longs ; plus récemment, Juliette thomas et Anouk Chatelier, nous ont rejoint dans le même esprit d’ouverture et la même exigence de création.
Parallèlement, j’ai dans le cadre de la formation initiale et continue des adultes, accompagné des professionnels du secteur sanitaire et social sur leurs écrits professionnels.
Une dimension sociale et politique
Si ma démarche se fonde sur le plaisir d’écrire et de créer, elle est sous tendue aussi par la conviction que l’écriture joue un rôle réparateur et constructeur dans l’histoire et l’identité des personnes. Par ailleurs, elle prend pour moi un sens politique comme affirmation du droit pour tous de participer à la culture, et, surtout, dans un monde uniformisé où l’on se livre à un véritable nettoyage du langage, elle est résistance et recherche de lignes pour dessiner une démocratie culturelle respectueuse des singularités, et richesses individuelles.